Ayant un peu de temps à perdre devant mon poste de télévision je suis tombé sur « on n’est pas couché » émission animée par Laurent Ruquier. On ne présente plus le style de l’émission ; sur le plateau : des gens du spectacle, de la culture, du monde politique et syndical faisant l’actualité du moment, et des chroniqueurs ‘témoins’, pour la critique. Au programme du samedi 25 janvier le clou de l’émission aura été les échanges entre Romain Goupil et Adèle Van Reeth (les deux témoins de l’actualité) et Sophie Venétifay (secrétaire adjointe du SNES-FSU) et Emmanuel Toodd venu présenter son dernier livre : Les luttes de classe en France au vingt et une siècle. Laurent Ruquier, amuseur public sur France 2 a produit s un remake des flagrants délires ; qui en son temps faisait rire. La critique est aisée et l’art difficile dit-on ; bon ! Peut-être, mais là on a surtout assisté à un procès en règle à l’encontre des invité-és par des procureurs dignes du temps de l’inquisition.
Dans le rôle des inquisiteurs :
Romain Goupil, Ancien combattant de mai 1968 dans les rangs des comités d’actions de la ligue communiste où il créera la CTS : (commission très spéciale) pour assurer le service d’ordre de la ligue.
Adorateur de Busch et l’administration américaine au déclenchement de la guerre en Irak, (R Goupil n’a aucun souci à imposer par « les bombes » la « liberté » du Nord, capitaliste et judéo-chrétien, aux « ennemis de la liberté » du sud, arabe et musulman. Et tant pis pour les dommages collatéraux : humiliation des peuples, renforcement du terrorisme, vengeance pour des siècles et des siècles) : Luc Vaillant, journaliste ..
Pourfendeur de la France Insoumise, du Parti Communiste, du Nouveau Parti Anti Capitaliste, des gilets jaunes, ‘Bique et bouc’ avec le mouvement de son pote Glucksman, Soutien inconditionnel de Emmanuel Macron pendant sa campagne et aujourd’hui, son interlocuteur régulier sur tous les plateaux !
Adèle Van Reeth : Philosophe, productrice de radio, chroniqueuse. Sans doute trop jeune pour disposer d’un CV aussi fourni que son compère du jour, mais affiche un potentiel prometteur, à condition bien sûr de persister dans des rôles de perroquet.
Dans le rôle des lampistes
Sophie Vénétifay : Professeur SES, secrétaire adjointe du SNES-FSU. Accusée de défendre les intérêts de la profession avant ceux des élèves, de s’opposer à toutes réformes du ministre de l’éducation. Sommée de s’expliquer sur le « bilan catastrophique de l’éducation » et priée d’endosser et remédier aux carences de l’état en se sacrifiant sur le plan social et statutaires de la profession des enseignant-es.
Emmanuel Toodd : Démographe, historien, essayiste invité pour une explication de texte de son dernier livre : la lutte des classes en France au vingt et unième siècle ; un ouvrage au titre provocateur pour un ‘débat’ entre deux soixante huitards combattant alors dans des camps opposés ; l’un se réclamant de la ligue communiste et l’autre des jeunesses communistes ; deux concepts antagoniques qui ont fractionné leurs rêves de révolution. La reconnaissance de leurs erreurs communes de jeunesse pouvait laisser penser que l’heure serait : non pas à la réconciliation mais à des échanges moins péremptoires ! Que nenni, les inquisiteurs veulent savoir pourquoi tu écris, pourquoi tu penses, pourquoi et à qui tu crois, affirme que tes vérités sont des mensonges !
Ce talk-show, comme bien d’autres, n’est qu’une farce qui a pour but de promouvoir le meilleur comme le pire au nom de la diversité culturelle, artistique, politique en faisant le buzz à des fins commerciales, les animateurs ne sont que des faire-valoir du système dominant en étant complices ou ignorants. On formule souvent des critiques à l’adresse des chaînes privées sur leur mode opératoire, elles restent sans effet ; après tout le meunier est maître dans son moulin, mais que dire des chaînes du service public ? Sommes-nous en droit et en capacité de revendiquer le respect de l’expression libre et citoyennes sans se sentir insulté-es par des bateleurs de foire ou des marchands du temple ! Que penser de ces comédiens, chanteurs, auteurs, muets comme des carpes sur le plateau devant cette comédie, inertes comme des têtes de veau sur l’étal d’un charcutier ? J’ai bien ma petite idée mais je n’ose pas en parler !