Critiquer c’est aussi penser et comprendre
Est-on plus à même de porter un regard critique sur le monde associatif, syndical ou politique, quand des années durant on a milité au sein d’une organisation ? Comment prendre du recul avec un engagement sans avoir l’impression de trahir une grande famille qui a contribué à son éducation populaire et sa formation citoyenne ? Avant d’être confronté aux réalités du travail en entreprise, la politique et le syndicalisme n’étaient pas mes préoccupations premières. Mes connaissances sur le sujet se limitaient à ce qui était écrit dans les livres de l’école communale et aux commentaires de l’instituteur. J’ai gardé en mémoire une maxime que Monsieur Pasco nous répétait souvent : « lire un texte est une chose mais le comprendre, en une autre ! » j’ai retenu la leçon et encore aujourd’hui je dis merci à cet instituteur de m’avoir donné l’envie de la lecture et de m’intéresser à l’histoire , d’essayer de comprendre le monde d’hier et celui dans lequel nous vivons aujourd’hui.
S’engager, refuser les injustices, le partage des idées, faire société
Par principe, le régime parlementaire et les lois gravées dans le marbre, ne devraient souffrir d’aucune contestation. C’est sans compter sur le fait que la sérénité du parlement ne s’apparente pas au parangon des vertus républicaines ! Certes la géographie de la chambre demeure fidèle ; la droite, le centre, la gauche, et les strapontins intercalaires . Le ‘bordel’ organisé des lieux fait que personne n’a plus de place en corrélation avec sa profession de foi ! Comme aurait dit le père Louis : Une chatte ne retrouverait plus ses petits dans ces lieux ; pourtant ??? L’engagement militant ; fut-il au service de la nation résulte, d’un choix émanant de la pensée et la capacité des individus à donner un sens à leur participation aux règles de vie en société. Nous venons au monde sans ambitions ni certitudes, aussi à défaut de s’en remettre aux augures, le devenir qui nous attend dès notre naissance est juste le début d’une aventure humaine ! La déclaration des droits de l’homme de 1789, déclare que les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits ! S’agissant des droits à la liberté, et à la propriété, l’histoire nous a révélé que l’égalité entre les membres d’une nation dès la naissance, était une vision chimérique autant que peut l’être la découverte d’un eldorado ! Pour autant, malgré les limites du cadre des droits de l’homme, l’esprit du siècle des lumières a été la base de l’expansion des grandes utopies sociales et des luttes pour le développement d’idées nouvelles, voire révolutionnaires !
Convergences et unité d’action !
On milite pour une cause qui peut être bonne pour les uns et mauvaise pour les autres ! C’est selon des convictions qui prennent corps en fonction de l’héritage culturel, philosophique, ou religieux légué par votre famille . Bien souvent cet héritage immatériel n’est que le fruit d’un hasard de circonstance ! Qu’on le veuille ou non , à l’heure où les fées se penchent sur un berceau, les gens d’importance ou les sans dents , éprouvent les mêmes sentiments ; c’est d’abord la sensation d’un bonheur de recevoir un petit être, qui sera le prolongement de vous-même et l’éternel renouveau de la vie ! À part les clichés d’une vie de la famille heureuse où plus ou moins chaotique qui alimentent les émotions et les jugements de Monsieur tout le monde, les grands penseurs d’aujourd’hui affichent une propension à couper le lien existant entre l’instruction et l’éducation. Les dissocier est une remise en cause des bases de l’accès au savoir pour tout le monde et au principe fondamental du vivre ensemble : à savoir, la fraternité et la solidarité ! Face à cette incurie intellectuelle quelles notes devons-nous accorder à la politique et à ses représentants qui ne cessent de piétiner la démocratie et le statut de souveraineté du peuple.Maintenant, crier haro sur le baudet relève d’une réaction épidermique qui vous aide à mieux respirer mais ne résout en rien les causes et les effets du mécontentement et de la colère populaire ! Le schéma classique de la revendication, de l’organisation des luttes et des solidarités, ne fait plus recette. Les organisations syndicales, la droite , la gauche et autres mouvements de protestataires peinent à se rassembler sur des convergences d’idées et dans l’unité d’action !
L’engagement citoyen, La sinuosité des parcours de vie, la vision de l’horizon bouchés prévalent sur l’appartenance à une famille syndicale ou du prolétariat de base !
Les aléas environnementaux, la santé, l’insécurité et autres accidents de la vie sont autant de sujets pour lesquels on s’engage de plus en plus au sein d’une association pour faire bouger les choses ! . Dans quelques associations, les appartenances politiques sont parfois admises sous la condition de respecter les statuts qui interdisent de faire ou parler politique lors des réunions. Pour synthétiser le propos ; ‘à chacun son métier, les vaches seront bien gardées’ ! Par principe, la démocratie demeure l’idée-force des associations . S’il fallait quantifier et qualifier leur travail , il n’y aurait plus de polémique sur les subventions qu’elles perçoivent ! Elles se différencient en fonction de leur ‘raison sociale’ : le champ d’activité est immense ! Leurs zones d’intervention couvrent les territoires périurbains, les régions, les départements…etc. ! Leurs interlocuteurs privilégiés sont pour la plupart des élus locaux. Elles contribuent, à des degrés divers, à la promotion de l’éducation populaire, à la vulgarisation des modèles de cultures, tant au niveau du monde artistique qu’aux cercles de recherche et d’expansion de la pensée. Les forces d’oppositions politiques constituées se nourrissent également des actions qui naissent sporadiquement pour des raisons objectives de l’actualité sociale. Des « mouvements sociaux » remettent en cause les pouvoirs dominants et la légitimité des syndicats représentatifs ; souvent de manière désordonnée sur le terrain des luttes ! Ils ont parfois des objectifs contradictoires et « déboussolent » les partis politiques traditionnels qui font que l’entente cordiale ne dure que le temps de la médiatisation de la photo aux actualités du soir ! Que d’énergie dépensée pour du vent ! Que d’illusions perdues dans des combats de coqs déplumés
Faut-il vivre avec le « regret d’un travail inachevé » Faut-il pointer du doigt d’éventuelles culpabilités « du monde de la gauche » « des syndicats, des mouvements sociaux » se remettre en cause et puis, quoi faire ?
À ce jour, je ne suis certainement pas le seul à me poser la question de l’utilité de mon engagement pour l’intérêt général. À l’heure où il n’est plus question pour moi d’aller battre le pavé afin de partager des convictions qui ; me semble-t-il, sont minoritaires dans l’inconscient collectif , je ne pas me résoudre à admettre que l’injustice faite au peuple d’en bas soit une fatalité ! La pauvreté et la misère morale sont les conséquences des choix de société et des politiques mises en œuvre à l’échelle de la planète, hier par le système capitalisme et aujourd’hui, le libéralisme débarrassé du complexe de l’exploitation de l’homme par l’homme !
Et si nous venait l’idée de penser autrement l’humanité ? Relever les grands défis qui s’imposent à tous les peuples qui ne veulent pas sombrer dans le néant que porte en eux le réchauffement climatique, la fonte des banquises, la montée des eaux et autres catastrophes que nous prédisent les scientifiques
Les composantes du monde du travail sont devenues des collaborateurs et les syndicalistes « des partenaires sociaux » ! La classe prolétarienne ne fait plus la une des journaux ; sémantiquement parlant, c’est là un raccourci de presse qui pourrait laisser entendre que les ouvriers et les ouvrières sont libérés-es des chaînes qui les liaient à l’usine de production ! Celles et ceux qui pointent tous les matins, ressentent toujours dans leur chair le poids de leurs chaines !