le rosier de naizin

Je l'ai trouvé ruisselant de rosée au petit jour. Il se balançait au gré des caprices du vent, rayonnant, habillé de vert et de rouge dans une robe ornée de boutons d'argent. Une toile d’araignée retenait prisonnière dans son filet de soie une abeille bien imprudente ! Innocente victime des activités saisonnières aux premiers signes du printemps.

Il en a connu des saisons mon vieux rosier ! Combien d'automnes ? Combien d'hivers ? Combien de printemps ? Combien d'étés ? Combien de bouquets pour les anniversaires ? Voilà cent ans et plus qu'il s'était enraciné Dans un autre jardin, à l'ombre d'une chaumière, d’une haie de buis, et d'un grand poirier une nuit terrassé par le vent et le tonnerre ! Terre de Bretagne, collée à mes souliers ! Un jour d'été tu m'as offert une bouture, plantée avec amour dans un autre endroit, pour mon grand plaisir la voici devenue rosier !

Jour après jour il a grandi dans mon jardin où il trône, majestueux. au milieu d'un parterre entouré d'herbe à chat, de lavande, de jasmin, d'une pivoine à fleurs orangées et autres cinéraires. De l'aube à l'aurore un envoûtant parfum inonde de ses délices mon coin de paradis, Mes rêveries s'envolent alors du côté de Naizin à la recherche du temps jadis, et d'une dame qui cajolait tant ses fleurs, sans craindre la morsure de leurs épines.

Rose fanée enfouie au fond du cœur Toi qui as toujours donné sans consigne ! À toi ma mère qui au plus fort de tes malheurs, par amour pour les tiens, n'a jamais courbé l'échine !