Encore quelques années de règne de Macron premier et il ne restera rien des acquis sociaux arrachés de haute lutte par le monde du travail au temps où s’affirmer de « gauche » avait un sens. Après la réforme du Code du travail c’est la retraite par répartition qui est en danger. Depuis que le pays s’est doté d’un président monarque et d’une cour tout acquise à sa cause, chaque jour il faut s’attendre à une mauvaise nouvelle. En réponse à la grogne qui s’élève il répond par la promesse de prendre en considération ce qu’il jugera bon de retenir du grand débat. Quand cette grogne s’exprime dans la rue il envoie les forces de l’ordre matraquer à tour de bras pour contenir la violence des manifestants-es. D’un point de vue médiatique, au lendemain d’une 21e journée de turbulences il semblerait qu’un calme relatif soit propice au monarque et à la démocratie ! Ouf les bonimenteurs patentés de la boîte à blaireaux vont pouvoir souffler, recharger les batteries, s’inventer de bonnes histoires à raconter à ceux qui ont toujours la certitude que sans eux, la démocratie est en danger ! Puis il est temps aussi de changer de sujet, passer à autre chose que les Gilets Jaunes. Les élections européennes qui se profilent en mai sont une nouvelle page d’histoire qui va leur donner une nouvelle occasion de s’illustrer.
Après ce paragraphe un peu polémique ; c’est mon côté pisse-vinaigre, je reste résolument optimiste quant à l’avenir ; oui les lignes peuvent bouger ! à condition de ne pas vouloir manger le pain avant d’avoir semé le blé. Grâce à l’irruption du mouvement des Gilets Jaunes, les labours en profondeur ont commencé. La séquence électorale des Européennes doit être la saison des semailles en étant rigoureux sur de la qualité de la graine, les prochaines municipales la création de coopératives d’intérêts publics. Viendra ensuite le temps de penser à la moisson et à la définition des règles du partage équitable.
Sans prétendre détenir la vérité, pas plus que la volonté de contester le droit à quiconque d’ambitionner un destin politique, la multiplication des prétendants n’arrange rien à l’affaire car elle favorise mathématiquement les plus forts ; ceux qu’on prétend combattre, c’est juste décider d’exister qu’avec ses convictions ou se bercer d’illusion. Quand près 50 % du corps électoral boude les urnes de manière récurrente, c’est autant par rejet des partis politiques que du système, quelle que soit la couleur des majorités en place. Le monde politique est devenu un carreau du temple entre les mains des financiers où tout s’achète au prix du vendeur malgré le vendu. Battre tambour contre l’innommable est devenu la règle et choisir entre la peste et le choléra est devenu un vote républicain ; qu’en est-il de la démocratie ? Elle est citée à longueur de discours et mangée à toutes les sauces !
Devant l’emballement médiatique autour du mouvement des Gilets Jaunes, la grande interrogation du monde politique intéressé par les Européennes se focalise sur leur comportement devant les urnes. Aujourd’hui ils décident de l’orientation à suivre en maintenant leur liberté d’action et leurs revendications, à moins d’être devin personne ne peut prétendre obtenir leurs voix, en partie et encore moins en totalité ! On aurait tort à rechercher un contenu politique classique dans ce mouvement, pourtant il sera en toile de fond pendant la campagne, il en va de même pour ceux qui ne sont pas GJ mais qui à quelque chose près ne votent plus pour les mêmes raisons.
Si on veut stopper l’action dévastatrice du président, le temps n’est plus à la spéculation sur un rassemblement d’une gauche embourbée dans les méandres de la division, ni à un éphémère rassemblement d’unité d’action syndicale pour l’organisation de luttes catégorielles. Malgré la grève et d’importantes manifestations les syndicats galèrent à se faire entendre des pouvoirs publics, ce n’est pas leur faire injure que se poser la question sur leur incapacité à fédérer le mouvement syndical à des fins de transformation sociale de la société.
La France Insoumise a confirmé son engagement pris devant les Français- ses lors des dernières présidentielles, il est en campagne aujourd’hui pour les Européennes avec son programme l’Avenir en commun, il sera encore là demain, la semaine prochaine, le mois prochain et les années prochaines. C’est avant tout son programme qui autorise cet excès de confiance, les militants-es ne sont que des passeurs-euses d’idées. Que chacun prenne ses responsabilités et agisse en parfaite adéquation avec les valeurs intrinsèques qui les anime.