qui a gagné ? qui a perdu ?

Qui a gagné, qui a perdu ?

Ce qui normalement aurait dû être un fait marquant pour le mouvement social, se traduit par cette impression fataliste, mais combien réelle, "une de plus pour pas grand-chose" ! Pourtant il y avait beaucoup de monde dans les rues de Nantes et d'ailleurs pour signifier un ras-le-bol et de la colère à l'encontre de la politique de destruction du socle social et républicain par notre souverain Président adoubé par le monde de la finance et le grand patronat. Face à ce constat, les discussions de monsieur tout le monde vont bon train ! Le succès en demi-teinte du rassemblement doit être pris en considération par les manifestants qui s'interrogent sur la passivité des autres : ceux et celles qui avaient sans doute autre chose à faire, qui ne peuvent plus se payer le luxe d'une nouvelle journée de grève en pensant que les carottes sont cuites ! En disant cela, selon l'expression, on ne fait que défoncer une porte ouverte.

Les "organisateurs" de cette journée de protestation trouveront sûrement une ou des explications à formuler, justifier leurs engagements en direction de leurs chapelles respectives et l'affaire en restera là, rendez-vous à la prochaine ! Voilà des décennies que l'histoire se répète ainsi ! Certes tout n'est pas négatif, des victoires de-ci de-là mais toujours à la marge, jamais à la hauteur d'une transformation sociale pour le peuple dans sa globalité. La fonction première des syndicats est la défense des intérêts du monde du travail dans le respect du pluralisme inhérent à son ensemble et c'est bien cet état qui fait dire que l'union est un combat permanent nécessaire aux objectifs de la lutte. Ce combat et ce qui en résulte demeure incompris, voire secondaire, chez les non-initié-és, ceux et celles coupé-es du monde du travail, aussi, le schéma de l'union de tous les travailleurs ne fait plus recette lors des grands rassemblements populaires comme dans le passé ! A l'heure où l'ultralibéralisme transforme la société en atomisant les conquis sociaux il y a urgence d'établir des passerelles nouvelles entre le mouvement social et le politique sinon tout le monde est condamné à se battre pour son pré carré dans son coin. C'est bien ce sentiment que je ressens aujourd'hui, cette journée sous la bannière intersyndicale en trompe-l’œil est un leurre, une apparence unitaire qui ne résiste pas aux divergences, tant sur la forme que sur les objectifs. Comment parler de cohésion des luttes quand pour les uns on exige l'abrogation d'une loi tandis que pour d'autres il n'est question que d'amendements à la marge ? Comment afficher de la détermination sous la même bannière, avec à ses côtés, d'autres qui ont déjà en poche le stylo avec lequel ils signeront un accord improbable ?

Lors du dernier grand rassemblement de la France Insoumise place de la République, Jean Luc Mélenchon appelait le peuple pour une insurrection citoyenne, lançait le défi d'une grande manifestation sur les champs Elysées en invitant les organisations syndicales à prendre la tête du cortège. En guise de réponse concrète JLM a eu droit à une volée de bois vert de la part de tous les leaders syndicaux et des partis politique de gauche ! Une gauche empêtrée dans ses contradictions, faisant abstraction de la représentation du mouvement de la France Insoumise à l'échelon national et des espoirs suscités par son programme l'avenir en commun et les résultats électoraux de ses candidats. À croire qu'ils ont pour premier objectif la neutralisation de la FI afin de continuer à faire semblant d'être les dépositaires des luttes et des politiques à menées.

Pour conclure je cite une amie qui a pour habitude de dire, on fera la procession avec les paroissiens qui seront présents. Nous continuons le combat car aujourd'hui, allez savoir qui a gagné ? Mais par contre nous savons ce que nous avons à perdre... encore !