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Pauvre parmi les pauvres
Comme le bourgeois d’autrefois en quête d’honorabilité à la sortie des églises, tu as déposé un sou dans l’assiette vide du mendiant ; un pauvre diable à la recherche de quoi calmer sa soif et sa faim ! Satisfait du devoir accompli par ce geste de piété tu es rentré chez toi, affranchi de l’image du malheur qui enlaidit le masque de la société. Demain tu reprendras le même chemin qui mène à le même église ; le même mendiant sera là au même endroit et il aura l’outrecuidance de te retendre la main ! Ainsi va la routine, la société, la richesse, la pauvreté. Des mots et encore des mots et toujours des maux ! Dans le cercle de mes relations j’ai pour amis les Mouettes et Chardons , dans l’un de leurs sketchs ils évoquent un pauvre bougre tellement content d’être heureux qui donne cent balles à un riche !
En fait, de quoi est faite la pauvreté ? Ce qui vient d’emblée à l’esprit c’est de se retrouver en manque d’argent et de ne plus pourvoir aux besoins essentiels ; besoins qui au demeurant évoluent au gré des marchands d’illusions et de l’appétence des consommateurs pour les nouveautés qui facilitent notre quotidien ! Cette façon de voir les choses devrait mettre en évidence la conséquence du choix du libéralisme et de l’économie de marché ! Sans être un aigle en économie, le chômage, la vie chère, la remise en cause des droits sociaux, la dégradation du vivre ensemble, sont autant de facteurs générateurs de misère qui mènent un bon nombre d’individus en situation de pauvreté et d’insécurité.
Certes le pays n’est pas dans un dénuement absolu ; cependant sans le monde associatif qui supplée aux manquements des droits et devoirs régaliens vis-à-vis du peuple , notre pays se retrouverait à la frontière du paupérisme. C’est là un scénario improbable qui arrange bien les affaires de notre bon Président ! Pourtant imaginons un instant, les bénévoles de ces associations en grève pour l’exigence de la mise en application des principes fondateurs de la République inscrits dans la constitution ! Ne serait-ce que pour un retour au sens originel du triptyque : « liberté égalité fraternité » affiché au fronton des édifices de la nation !
Lors des trois derniers rendez-vous du peuple avec les élections présidentielles, on a vu poindre une lueur d’espoir ; avec en toile de fond l’idée de mettre l’humain au cœur du débat et des enjeux ! Une mandature plus loin, l’idée-force était de proposer au peuple de partager l’avenir en commun . Nous savons tous ce qu’il en est advenu de ces projets de société. Au-delà des rendez-vous manqués avec l’histoire et de l’erreur politique lourde de conséquences, aujourd’hui la petite lueur d’espoir brille toujours ! Puisse-t-elle éclairer celles et ceux qui s’écartent dangereusement d’un chemin balisé par un électorat ; qui en a un peu marre des discours politiques inaudibles et des recettes démagogiques de ces faux prophètes politiciens qui ont oublié qu’avant de manger le pain, il faut semer le blé ! Imaginons les ressources naturelles inscrites dans la constitution comme étant des biens communs , la gestion de l’eau des rivières, des fleuves, des nappes phréatiques, ne devrait-elle pas relever du service public ? La même interrogation peut se poser pour tout ce qui est indispensable aux humains pour vivre ; idem pour la préservation de l’environnement et des réponses à donner aux aléas climatiques. Dite ainsi la chose paraît évidente, mais elle se heurte aux règles du libéralisme sans frontière avec la complicité ou la lâcheté du monde politique qui ne fait que surfer sur les effets d’une crise à plusieurs facettes qui mine notre société plutôt que de s’attaquer aux causes , ne serait-ce qu’en acceptant la tenue des débats démocratiques à l’assemblée nationale.
Oui la pauvreté s’installe insidieusement dans notre société ! Non la pauvreté ne condamne pas uniquement le sous-prolétariat et les oubliés sociaux de la nation à la misère physique ; elle sape les ambitions des individus en quête de savoirs et d’épanouissements culturels . Elle s’installe dans les quartiers défavorisés mais aussi de plus en plus dans les territoires abandonnés pour raisons économiques par les pouvoir publics. La redistribution des richesses ou le ruissellement selon Monsieur Macron, ne fait pas reculer la désertion des services publics qu’est la poste, les services de santé d’éducation nationale et plus encore, en milieu rural. Grâce à l’engagement et l’abnégation des associations de terrain, les effets d’une pénurie crée au bénéfice du secteur marchand sont atténués ; mais il n’en demeure pas moins que la réalisation de super profits pour des investisseurs privés va bon train !
Parmi les pauvres mortels,
Quelquefois ceux que l'on encense
Ne sont que de grands criminels,
A qui notre seule ignorance
Au lieu de châtiments décerne des autels. Étienne PAVILLON (1632-1705)
Il suffit de déterminer les besoins de la société ; de mettre en parallèle ceux qui sont indispensables aux individus pour vivre et faire société, et les valeurs qui caractérisent ce que l’on nomme ; parfois à tort la richesse, compte tenu de l’usage que l’on en fait !
André Hervé